Après auditions et confrontations, les 4 hommes ont été déférés devant les juges d'instruction lyonnais en charge du dossier et mis en examen. Tous les 4 ont différents chefs de mis en examen.
- Gaël Perdriau a été mis en examen des chefs de chantage. Il a été également placé sous le statut de témoin assisté pour des faits de détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique
- Gilles Rossary-Lenglet a été mis en examen des chefs de complicité de chantage avec mise à exécution de la menace, recel de bien obtenu à l’aide d’un détournement de fonds, utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée
- Samy Kefi a été mis en examen des chefs de chantage avec mise à exécution de la menace, recel de bien obtenu à l’aide d’un détournement de fonds, atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel, utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée
- Piergiorgio Gauttieri a été mis en examen des chefs de chantage avec mise à exécution de la menace, recel de bien obtenu à l’aide d’un détournement de fonds, complicité de soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique, utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée
Des mis en examen après 7 mois d'enquête
L'affaire a éclaté fin aout 2022 quand Gilles Rossary-Lenglet a révélé à Mediapart l'existence d'une vidéo compromettante tournée en janvier 2015 dans laquelle on peut voir l'ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues, rival politique de Gaël Perdriau, se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel à Paris. Ce quinquagénaire affirmait dans sa confession avoir participé à ce "barbouzage de moeurs" à la demande du maire et de son entourage, dans le but de neutraliser le centriste. Et il disait avoir été rétribué via des prestations fictives facturées à deux associations locales subventionnées par la mairie.
Chronologie de l'affaire
26 août 2022 : Mediapart publie une longue confession de Gilles Rossary-Lenglet, qui dit avoir organisé un "barbouzage de moeurs" avec son compagnon d'alors, l'adjoint municipal de Saint-Etienne Samy Kéfi-Jérôme, pour piéger Gilles Artigues, le 1er adjoint MoDem à la mairie. Selon lui, une vidéo où l'on voit Gilles Artigues se faire masser par un escort gay dans une chambre d'hôtel à Paris a été tournée en janvier 2015 à la demande de l'entourage du maire. Il affirme avoir été rétribué via des prestations fictives facturées à deux associations subventionnées par la mairie
27 août : Gaël Perdriau dément publiquement toute implication
29 août : Gilles Artigues porte plainte contre Gaël Perdriau, Gilles Rossary-Lenglet et Samy Kéfi-Jérôme pour "chantage aggravé, guet-apens en bande organisée, détournement de fonds publics et non-dénonciation de faits délictueux"
2 septembre : Le parquet de Lyon ouvre une information judiciaire pour "atteinte à l'intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d'une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions"
5 septembre : les enquêteurs perquisitionnent les bureaux et domiciles des principaux protagonistes, avec saisie d'ordinateurs, téléphones et documents
12 septembre : Médiapart publie des extraits d'enregistrements effectués par Gilles Artigues lors de deux réunions avec le maire et son directeur de cabinet Pierre Gauttieri. "J'ai une vidéo vous montrant le cul à l'air avec un mec. Ça ne vous dérange pas ?", dit Pierre Gauttieri dans un enregistrement daté de juillet 2018, avant de le menacer de diffuser la vidéo. "Il y a d'autres moyens de faire, on n'est pas obligé de diffuser publiquement", ajoute la voix du maire, en évoquant une diffusion "en petits cercles, avec parcimonie".
13 septembre : 1ère garde à vue de MM. Perdriau, Gauttieri, Kéfi-Jérôme et Rossary-Lenglet
15 septembre: Face à ceux qui appellent à sa démission, Gaël Perdriau affiche sa détermination à conserver ses fonctions
20 septembre : Il annonce le limogeage de son directeur de cabinet pour "rupture de confiance"
22 septembre : Sous le feu des critiques, il "prend du recul" et délègue ses fonctions représentatives de maire et de président à la Métropole
23 septembre: Samy Kéfi-Jérôme annonce sa démission de ses mandats de conseiller municipal et métropolitain. Médiapart diffuse un enregistrement d'octobre 2016 où on l'entend reprocher à Gilles Artigues de l'avoir "baisé" dans l'avancement de sa carrière politique, après que ce dernier s'indigne d'un "chantage ignoble" en évoquant la vidéo
26 septembre: Conseil municipal houleux, plusieurs centaines de personnes manifestent en appelant à la démission du maire. Ce dernier invoque la présomption d'innocence et dénonce une "chasse à l'homme"
11 octobre : Le parti Les Républicains annonce l'"exclusion définitive" de Gaël Perdriau. Ce dernier porte plainte pour "diffamation" contre son parti et pour "injures publiques" contre certains de ses représentants
18 novembre : Gaël Perdriau fait interdire par ordonnance la publication d'un article de Mediapart sur ses "méthodes politiques", la direction du site dénonce une "censure préalable"
30 novembre : Le tribunal judiciaire de Paris annule l'ordonnance d'interdiction, l'article visé est publié avec un nouvel extrait de l'enregistrement de 2017. On y entend Gaël Perdriau évoquer en termes crus les penchants sexuels présumés de Laurent Wauquiez, le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes. Ce dernier porte plainte pour diffamation
8 décembre: Gaël Perdriau annonce un "retrait total" de sa fonction de président de la métropole mais refuse de démissionner
6 avril: 4 mis en examen à Lyon