En se promenant dans les rues de Saint-Étienne, nombreux sont les noms qui nous rappellent des figures masculines de l’histoire : Waldeck Rousseau, Victor Hugo, Léon Nautin, ou encore José Frappa… Si l’on porte attention à la toponymie de la ville, un constat s’impose : la majorité des noms de rues célèbrent des hommes. Les noms de femmes, eux, sont bien plus rares. Pourtant, l’inauguration de la place Gisèle Halimi, une avocate et militante féministe qui a marqué l’histoire des droits des femmes en France, vient signaler un changement.
Un premier pas symbolique vers la parité
Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a défendu l'idée que la valeur historique des personnes doit primer sur leur sexe lorsqu’il s’agit de choisir un nom pour une rue ou une place. Selon lui, ce sont les personnalités qui ont contribué à faire évoluer la société qui méritent d’être honorées, hommes et femmes confondus. « On rend hommage aux personnalités qui font évoluer notre monde, et l’homme et la femme ont une place essentielle dans l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas une question de sexe, mais de mérite et de combat », a-t-il expliqué lors de l’inauguration.
Cependant, pour d’autres voix, comme celle de la députée Andrée Taurinya (France Insoumise), la question de la parité dans les noms de rues reste essentielle. Selon elle, il est grand temps que les femmes aient une place égale à celle des hommes dans la toponymie. « Il pourrait y avoir une parité des noms de rues, autant de rues nommées d’après des femmes que d’hommes. Ici, on en est loin, mais c’est un premier pas. J’espère qu’une prochaine municipalité s’intéressera de près à cette inégalité visible dans les rues », a-t-elle commenté.
Une sensibilisation croissante à la féminisation des rues
Cette problématique n’est pas ignorée des associations féministes. L’association Osez le Féminisme 42, par exemple, a mené, lors de la journée du 8 mars, une campagne de sensibilisation en féminisant temporairement certains noms de rues à travers des collages. La présidente de l’association, Laure Richard, a souligné l’ampleur du travail restant à accomplir pour atteindre une véritable égalité. Selon elle, Saint-Étienne est loin de la moyenne nationale, où environ 6% des noms de rues sont féminisés. À Saint-Étienne, ce chiffre ne dépasse pas les 3%.
« Si l’on regarde de plus près, la majorité des noms de femmes sont attribués à des petites rues ou impasses en périphérie des villes, tandis que les avenues, boulevards et places restent largement dominés par des noms masculins. Il y a un vrai travail à faire pour rendre les femmes visibles dans les lieux forts de la ville », déclare-t-elle.
Les rues de demain : un reflet de la société
Saint-Étienne, bien qu’en retard sur ce sujet, semble faire des progrès. Le geste symbolique de donner le nom de Gisèle Halimi à une place est une avancée, même si beaucoup reste à faire. La féminisation des noms de rues, que ce soit dans la ville ou ailleurs en France, reste un combat de longue haleine, mais un combat qui pourrait, à terme, permettre à la société de se voir plus équitablement représentée dans l’espace public.
Les rues de demain, celles qui se bâtissent aujourd’hui, pourraient bien refléter une société plus paritaire, un reflet plus juste de l’histoire collective, où hommes et femmes sont honorés à parts égales.
AC