Un geste pour les commerçants, mais…
Les commerçants stéphanois ont depuis longtemps fait part de leurs difficultés à attirer les clients dans un centre-ville souvent perçu comme encombré par les voitures. Dans ce contexte, la décision de la municipalité de rendre gratuites les places de parking sur voirie durant le week-end a été saluée par ces acteurs économiques. Pour eux, il s'agit d'une mesure nécessaire pour redonner vie à un centre-ville moribond, en attirant davantage de visiteurs, notamment les familles.
Cependant, cette décision ne fait pas l’unanimité. Si les commerçants y voient une aubaine pour booster leurs ventes, les associations de piétons et de cyclistes, elles, pointent les risques d'une telle mesure. Elles redoutent que la multiplication des véhicules en ville entraîne une pollution accrue et dégrade la qualité de vie, déjà affectée par la congestion du centre-ville.
Les préoccupations des associations
Anne de Beaumont, présidente de l’association Place aux piétons Loire Sud, est particulièrement critique à l’égard de cette mesure. Selon elle, la gratuité du parking va à l'encontre des tendances actuelles visant à réduire la place de la voiture en ville. Elle déclare : « Les gens préfèrent aller en ville quand il y a moins de bruit, moins de voitures. Aujourd’hui, des études montrent que les chiffres d'affaires des commerçants augmentent lorsque l’on réduit la place de la voiture et que l’on piétonnise les espaces. »
Elle estime que cette mesure est « absolument aberrante, inefficace » et qu’elle risque de « dégrader la qualité de vie en ville ». De plus, elle anticipe une « guerre du stationnement » encore plus féroce, avec des automobilistes se battant pour trouver une place gratuite.
Pour les associations comme Ocivélo, il est primordial de privilégier des alternatives plus écologiques. Thibault Derudet, co-président de l’association, milite pour davantage de pistes cyclables et un meilleur aménagement du stationnement pour les vélos. Il explique : « Plutôt que d’encourager la voiture, il serait plus pertinent de développer une continuité des aménagements cyclables, de sécuriser les stationnements pour les vélos et de promouvoir l’usage du vélo en ville. »
Pour une meilleure gestion de l’espace public
Les associations suggèrent également de repenser l’utilisation de l’espace public. Nicolas Peyrard, administrateur de l'association ADTLS Loire Sud, plaide pour des alternatives de stationnement plus accessibles et attractives, comme les parkings relais. Selon lui, une tarification avantageuse pour les familles (avec des tarifs à 3 ou 4 euros) pourrait permettre une meilleure gestion du stationnement tout en incitant les visiteurs à utiliser d'autres modes de transport, plus durables.
Ces revendications interviennent dans un contexte où la municipalité annonce également travailler sur une refonte urbaine des places emblématiques du centre-ville, comme la Place du Peuple, Jean Jaurès, l’Hôtel de Ville et la place Dorian. Les associations espèrent que cette réforme inclura une réflexion sur le partage de l’espace public, en favorisant une ville plus verte et plus agréable à vivre.
Conclusion : un choix stratégique qui divise
En attendant, la mesure du parking gratuit continue de faire débat à Saint-Étienne. Si elle répond à un besoin exprimé par les commerçants, elle suscite des craintes quant à son impact sur l’environnement urbain. Le temps dira si cette initiative contribuera véritablement à redynamiser le commerce stéphanois ou si elle soulignera l’urgence de repenser la mobilité en centre-ville. Les prochains mois seront cruciaux pour évaluer les effets réels de cette mesure et peut-être, pour réajuster les politiques de gestion de l’espace public dans la ville.
AC