"La censure dont il est question demain nous rendra tout plus difficile et plus grave", a-déclaré le Premier ministre Jean Michel Barnier à l’Assemblée nationale. Cette inquiétude reflète la tension palpable au sein du gouvernement, qui pourrait être contraint de céder en cas de vote défavorable.
La gauche minimise les risques
À gauche, le ton est différent. Pierrick Courbon, député de la 1re circonscription de la Loire, appelle au calme face à une situation qu’il juge maîtrisée. "Il faut couper court à un certain nombre de discours alarmistes et surtout mensongers", affirme-t-il. Selon lui, les mécanismes constitutionnels permettent de prévenir tout chaos institutionnel. Le député insiste également sur l’importance de ne pas dramatiser. "Il n’y a pas de risque de shutdown à l'américaine en France. Notre Constitution a des dispositions très précises qui permettent de parer à toutes les situations", rappelle-t-il, avant de conclure : "Il ne faut pas surjouer ce qui se joue cet après-midi."
La droite craint des conséquences graves
De l’autre côté de l’échiquier politique, les élus de droite dénoncent les effets potentiellement dévastateurs de cette motion de censure. Jean-Pierre Taite, député de la 6e circonscription, met en garde contre une instabilité économique et sociale. "Nous allons avoir plus d'instabilité, une crise économique qui va s'accélérer. Les investisseurs vont arrêter d’investir, et notre dette va continuer à se creuser", prévient-il.
Pour lui, les réformes cruciales en cours risquent d’être abandonnées. "Par exemple, les réformes pour nos agriculteurs ou les fonds pour nos EHPAD pourraient tomber à l’eau. Les impôts qui devaient baisser pour un certain nombre de nos concitoyens ne le seront pas", déplore-t-il.
Jean-Pierre Taite ne mâche pas ses mots envers le Rassemblement National, qu’il accuse d’irresponsable : "Je suis scandalisé que des députés censés défendre leur territoire créent de l’instabilité", critique-t-il. Il va plus loin en estimant que cette action est motivée par des calculs politiques : "Le Rassemblement National avait une tactique dès le départ, liée au procès de Marine Le Pen sur les détournements de fonds publics. C’est un vrai coup porté à la France."
Une bataille démocratique pour la gauche
Pour la députée LFI Andrée Taurinya (2e circonscription de la Loire), la priorité est de défendre la démocratie face à l’usage répétitif du 49.3. "Nous devons refuser ce 49.3. Cela fait plus d’une vingtaine en deux ans", explique-t-elle. Elle insiste sur le fait que son camp respecte les règles en vigueur. "Nous utilisons tous les moyens légaux pour montrer que nous ne sommes pas d’accord. Il faut dire stop à cette pratique", ajoute-t-elle. Le dernier recours au 49.3, concernant la loi de financement de la sécurité sociale, a mis de côté des centaines d’amendements. Parmi eux, seuls 117 ont été retenus, dont 13 émanant de l’opposition.
T.RIVIERE