« 70 000 euros pour 600 donateurs », récite Damien Dubard, en lisant le site internet de la cagnotte de la Scop Morassuti. Ces dons sont venus de toute la France. Un chèque de 20 000 euros est venu d’une société nantaise, après plusieurs rebondissements. « Les banques voulaient 50 000 à la base, puis elles ont été fébriles, et finalement, on a réussi à aller jusqu’à 70 000 ». Pour rappel, suite à un redressement judiciaire et une dette trop importante, l’imprimerie a dû déposer le bilan en début d’année. Ils ont appelé aux dons au mois de mai pour la création de cette SCOP (société coopérative et participative).
Et grâce à cette résonance médiatique, l’entreprise a même pu décrocher de nouveaux contrats. Morassuti a pu réaliser un de ses meilleurs chiffres d’affaires ces derniers mois.
« Faut qu’ils en soient dignes »
Accompagnés d’un nouveau logo et d’un nouveau nom, les employés de Morassuti deviendront actionnaires de leur entreprise à partir du 1er juillet 2024. La justice doit encore rendre par écrit sa décision le 3 juillet. « J’en reviens pas, j’en ai les frissons », révèle Anthony Gaucher, au poste de façonnage. Benjamin Cola, un collègue, a hâte d’avoir de nouvelles responsabilités : « On se dit qu’on va avoir la main sur l’entreprise qu’on possède ». Anthony ajoute : « On est comme une famille maintenant, ce n’est plus qu’une personne qui dirige ». Les employés devraient fêter la nouvelle, tous ensemble, lors d’un repas à l’entrepôt.
Cette fête se fera finalement sans Hervé, le doyen de l’entreprise. Le massicoteur est en fin de carrière bientôt et a décidé de partir prématurément. « Il y a des gens qui ont donné de l’argent pour sauver cette boîte, faut qu’ils en soient dignes », exprime comme dernière phrase l’employé depuis plus de 40 ans.
Une formation nécessaire
En tant qu’actionnaires de la future Scop Morassuti, 18 des 29 employés seront autour de la table des négociations, lors de décisions importantes du groupe. L’Union régionale des Scop va continuer de les accompagner, afin de les former à ces nouvelles responsabilités. Manuel Goncalves, par exemple, va devenir co-gérant de l’entreprise et représentant des salariés. « Pour le moment, ce n’est qu’un titre, mon boulot d’opérateur des machines ne va pas changer », ne se préoccupe pas le porte-parole du projet. Il devra tout de même apprendre le monde de la comptabilité et des finances. Il n’a pas peur : « Je suis surtout curieux, parce que c’est un monde que je ne connais pas du tout. »
T.RIVIERE