"J'ai fait un malaise. Je suis tombé, là où j'étais… Aujourd'hui, je suis dans un état de destruction mentale et psychologique, suivi par un psychiatre", confie Patrice Chapat, encore sous le choc. Le professeur a reçu fin décembre une lettre du rectorat lui annonçant son affectation à une nouvelle zone de remplacement, une sanction qu’il perçoit comme une punition : "L’objectif, c’était de me détruire, et ils y sont arrivés."
Un enseignant qui dénonçait des dysfonctionnements
Représentant syndical et membre du Conseil d’administration du lycée, Patrice Chapat critiquait ouvertement le fonctionnement de l’établissement et la gestion de son ancien chef d’établissement. Mais ces prises de parole ont conduit le rectorat à le sanctionner pour avoir : "outrepassé ses prérogatives de représentant des personnels et syndicales".
Les parents d’élèves, eux aussi, pointaient du doigt le climat au sein du lycée. "Les conseils d’administration étaient dantesques. Nous avons nous aussi été victimes de remarques presque déplacées", témoigne Sandrine Jouve, présidente du conseil local de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves) de l’établissement. Elle ajoute : "Nous ne comprenons pas que des enseignants soient sanctionnés pour avoir dénoncé des dysfonctionnements."
Une mobilisation massive en soutien
Ce jeudi, syndicats, collègues et parents d’élèves se sont rassemblés pour manifester leur soutien à Patrice Chapat et à un second enseignant, également sanctionné par un blâme. L’intersyndicale a défilé depuis le lycée jusqu’à la préfecture, où une délégation a été reçue dans l’après-midi.
"Un blâme, même s’il peut sembler moins lourd, reste inadmissible", insiste Michel Nebout, co-secrétaire départemental de la CGT Educ 42. "Cela ouvre la porte à d’autres sanctions si le rectorat estime que les représentants du personnel outrepassent leurs compétences."
Une détresse profonde
En larmes, Patrice Chapat espère que cette mobilisation ne sera pas vaine. "Que la liberté d’expression puisse continuer d’exister, et que l’école laïque reste au service des élèves et des familles les plus en difficulté", confie-t-il.
Le proviseur à l’origine des tensions a quitté son poste, remplacé provisoirement par un proviseur intérimaire. Malgré plusieurs sollicitations, le rectorat n’a pas répondu à nos questions.
T.RIVIERE