Accueillie sous les applaudissements, elle a raconté ses années de souffrance dans les camps de Ravensbrück et de Bergen-Belsen, où elle a été détenue entre 11 et 13 ans. À bientôt 93 ans, Lili se souvient avec une précision déchirante de son matricule : « Je n'étais plus que le 25 612 », raconte-t-elle sur scène en allemand, soulignant l'horreur de la déshumanisation dans les camps. Elle ajoute : « Ce matricule, il fallait le connaître par cœur. En français, bien sûr, mais surtout en allemand. Parce que si l'on ne répondait pas à l'appel du nazi, on recevait des coups de fouet. »
45 ans de transmission
Depuis les années 70, Lili consacre son énergie à transmettre un message de paix, donnant des conférences à travers la France. Elle puise sa force dans l'écoute et l'engagement des jeunes, qu'elle considère comme ses "petits messagers" pour un avenir de paix. « Je vous assure que de voir tous ces jeunes tellement à l'écoute, tellement bien, cela me donne la force de poursuivre. » Son espoir ? La paix : « Je veux croire qu'un jour, lointain peut-être, mais tous ces jeunes feront qu'il y ait la paix dans le monde. Parce qu'ils sont décidés à ne pas laisser passer les mensonges, à ne pas laisser passer la haine surtout. La haine à notre époque qui amène toutes les guerres. »
L'impact sur les élèves
Les élèves ont été profondément marqués par son témoignage. Maxence, élève en Première, a été impressionné par la rencontre avec une « vraie rescapée, ça fait quelque chose quand même », confie-t-il. Philippe, en Seconde, a ressenti « l’émotion » dans la voix de Lili. « C'est plus marquant que des vidéos ou n'importe quel documentaire. C'est quelque chose qu'on peut voir qu'une seule fois dans la vie », partage-t-il.
Lili Leignel continuera sa mission, espérant atteindre l'âge symbolique de 100 ans pour transmettre son message. Elle conclut souvent ses conférences avec des chansons poignantes : « SS, Oh, quel rasoir ! À cause de toi, nous restons debout à tomber sous nos genoux. »
T.RIVIERE