Après des débats qui se sont terminés aux alentours de 21 heures, la présidente du tribunal a renvoyé le procès au 29 juin prochain. À l'issue de cette journée, la procureure demande une peine d'amende de 5000€ dont 2000 avec sursis, contre le maire Gérard Tardy, ainsi que l'affichage public de cette dernière et 150 euros de contravention. Contre la Société de chasse, elle demande également une amende de 5000€ et 150 euros de contravention. Contre son président, elle demande 800€, 200 avec sursis et 150 de contravention. Pour les autres chasseurs, 400€ d'amende dont 100 avec sursis et l'interdiction d'exercer l'activité de chasse pendant 2 mois pour les 5 chasseurs.
Gérard Tardy se dit "attristé"
Dès 15 heures ce mardi après-midi, le maire de Lorette, Gérard Tardy, ainsi que cinq chasseurs sont entendus par le juge du tribunal correctionnel de Saint-Etienne. Chacun leur tour, ils ont donné leur version des faits, à commencer par le maire. « Je suis excessivement attristé de me trouver devant vous. Attristé car je suis responsable d’une commune, je ne crois pas avoir faillit à ma responsabilité qu’elle que soit les circonstances. »
"Un abattage d’un coup de fusil moins douloureux qu’un égorgement"
Gérard Tardy dénonce des dégradations de la part de ces chèvres, qu’il qualifie de « profanations » des tombes du cimetière. En cause, des pots de fleurs cassés, des excréments sur les tombes, des croix renversées, entraînants, semblerait-il, des plaintes des riverains au maire de Lorette. « Je n’avais pas d’autre solution que de faire tuer ces chèvres », poursuit Gérard Tardy, allant même jusqu’à dire « Pour moi j’estime qu’un abattage d’un coup de fusil est beaucoup moins douloureux pour un animal qu’un égorgement ». La présidente du tribunal lui demande alors si cette phrase constitue un parallèle avec d’autres pratiques, brouhaha dans la salle, pas de réponse, question suivante.
Responsabilité des chasseurs ou de la mairie ?
Plusieurs questions sont soulevées durant le procès. Cette battue vient-elle de la volonté du maire ou des chasseurs ? Pourquoi le président de la société des chasseurs a demandé à ses collègues de ne pas donner de détails aux enquêteurs ? D’autres solutions existaient elles pour éviter la mort de ces chèvres ? Sont-elles considérées comme animaux domestiques ou sauvages ?
Je n’ai fais qu’appliquer les ordres reçus
Dans les rangs des chasseurs, la plupart semblent s’avancer vers la barre la fleure au fusil. « Je n’ai fais qu’appliquer les ordres reçus. Je ne me suis pas plus posé de question après la publication de l’arrêté. Ce n’était pas de mon ressort de faire vérifier la légalité de cet acte auprès du procureur ou de la DDPP », explique l’un d’entre eux.
Mais le maire, lui, a bien contacté le procureur de la République avant la publication de son arrêté pour autoriser cette battue. Dans un mail, l’édile de Lorette depuis 34 ans demande si son policier municipal peut utiliser son arme afin de tuer les chèvres. Mail auquel le procureur répondra. « Je ne vais pas vous conseiller de commettre une infraction », auquel s’ajoute un autre conseil, celui d’éviter de créer une affaire médiatique difficile à gérer. Gérard Tardy répondra alors : « Merci monsieur le procureur. Désolé de vous avoir dérangé aussi tard. »
« Ça ressemblait plus à une scène de crime qu’autre chose »
Sur le banc des prévenus, les visages sont fermés. Appelé chacun à la barre, les chasseurs expriment toutefois quelques légers regrets. « Si j’avais su que ça m’emmènerait jusqu’ici, jamais je ne l’aurais fait », regrets de se retrouver devant le juge, aucun mot sur les chèvres. L’un des prévenus affirmera quand même que le lieu « ressemblait plus à une scène de crime qu’autre chose ». Que ce soit ces professionnels de la gâchette ou Gérard Tardy, la faute, s’il y en a une, vient des administrations. « S’il y avait des solutions à apporter, personne ne l’a fait. Tout le monde s’est précipité sur l’affaire une fois la battue réalisée », explique le maire. « Ce que l’on veut, c’est abattre Gérard Tardy. J’ai même reçu 1500 menaces de mort », poursuit Gérard Tardy. Les chasseurs, quant à eux s’effacent de la responsabilité des administrations. Le président de la société de chasseurs avancent par ailleurs un contact fait avec un éleveur de chèvres et la SPA, sans réponse positive pour accueillir les bêtes.
Un procès qui s’éternise
Les heures passent, les témoignages et les réquisitions des différents partis sont énoncés. La tension du début s’efface. Le rire sarcastique d’un avocat de la défense, rappelé à l’ordre par la présidente du tribunal, laisse place à des interventions de plus en plus calmes. Les interventions sont longues, la présidente du tribunal demande aux avocats de synthétiser, mais les questions sont nombreuses, pour 9 chèvres.
"Il y a eu trop de passion de la part des associations de défense des animaux"
À l'issue de la séance, Gérard Tardy estime "qu'il y a eu trop de passion de la part des associations de défense des animaux. On peut défendre les animaux mais on doit rester correcte. Elles sont venues perturber la vie du conseil municipal quatre fois, sans être poursuivie. On en fait trop, immensément trop."
Nathan Vacher