Trente ans que la routine se répète. Chaque matin, les dernières livraisons arrivent et, le mardi, place aux fromages de chèvre. « On change les caisses, on met les petits prix, on organise bien le rayon. À 10 heures, tout doit être prêt, bien beau, bien rempli. Et après, on s’occupe de nos clients », explique Laëtitia Sauzet, gérante de la fromagerie Baret.
Son mari Stéphane l’a rejointe il y a 23 ans, après la naissance de leur deuxième enfant. Ancien employé d’un centre social, il a trouvé dans ce métier une nouvelle façon d’être au contact des gens. « C'est toujours un métier de relation. Moi, je n’aurais pas pu rester seul dans un bureau à faire des papiers. Il faut que ça bouge, que ça soit dynamique. Ici, on ne s’ennuie pas », confie-t-il.
La quête des bonnes affaires
Désormais, Stéphane s’occupe des achats et des livraisons. Une mission cruciale qui commence à l’aube. « Par exemple, ce matin, j’ai trouvé un roquefort en surstock. Ils avaient trop commandé pour Noël et cherchaient à écouler les invendus. J’ai pris la fin du lot à un prix intéressant, ce qui nous permet de vendre un Roquefort Templier à 22,99 € le kilo, alors qu’il dépasse généralement les 30 € », détaille-t-il.
Ce souci du bon produit au bon prix fidélise les clients. « Je connais leurs fromages, ils sont bons. Je viens ici depuis 30 ans pour du local », affirme Rosine. Quand on lui demande pourquoi ne pas acheter sur le marché, elle répond sans hésiter : « Là, c'est mon fromager. » Roland, un autre habitué, abonde : « Ce n’est pas plus cher qu’ailleurs, parfois même moins, et surtout, il y a de la qualité et un très bon accueil. »
Une passion transmise par son père
Laëtitia Sauzet n’était pourtant pas destinée à ce métier. À 19 ans, poussée par son père, elle ouvre son commerce avec une certaine appréhension. « Il nous avait dit : "Chacun gère son affaire. Si tu te plantes, c’est à cause de toi." J’étais fière, mais stressée. Je ne savais pas si j’allais y arriver », se souvient-elle.
Trois décennies plus tard, l’empreinte familiale est toujours bien présente, jusque dans les moindres détails du magasin. C'est le cas d'une harpe pour découper le fromage : un objet 100% Baret de la conception à la fabrication.
T.RIVIERE